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A l’époque, les agriculteurs américains n’en pouvaient plus de la concurrence internationale. Après la première guerre mondiale, les fermes européennes avaient peu à peu repris du service et commençaient à envoyer leurs surplus aux Etats-Unis. « Concurrence déloyale ! », tonnaient les Américains.
En 1928, Herbert Hoover, un self-made-man qui avait fait fortune dans les mines, surfe sur cette colère dans sa campagne pour la Maison Blanche. Il promet que les Américains auront « un poulet dans chaque casserole, et une voiture dans chaque garage ». Pour cela, sa recette est simple : moins d’impôts, plus de protections douanières, en particulier sur les denrées alimentaires.
Deux ans plus tard, alors que la Grande Dépression de 1929 a commencé, le président américain tient promesse. La loi Hawley-Smoot est votée, augmentant d’environ 20 points les droits de douane des Etats-Unis, alors que ceux-ci avaient déjà été relevés en 1922.
« Une fois que le processus de révision des tarifs douaniers a commencé, il s’est révélé impossible à arrêter. Les appels à plus de protections se sont multipliés, venant de groupes d’intérêt du secteur industriel, et la loi destinée à soulager les agriculteurs est rapidement devenue une façon d’augmenter les tarifs douaniers de tous les secteurs de l’économie », raconte l’Office of the Historian, un bureau qui produit une sorte d’histoire officielle des Etats-Unis écrite par des historiens spécialisés en relations internationales pour le compte de l’administration américaine (ce bureau a été fermé en 2017).
Certes, la personnalité de Herbert Hoover n’a rien à voir avec celle de Donald Trump. L’homme avait travaillé à l’étranger plus de deux décennies, en Australie, en Chine et au Royaume-Uni, il se vantait d’être un « technocrate » et s’était fait remarquer pour la générosité de son aide alimentaire à l’Europe pendant et après la première guerre mondiale.
Reste que le parallèle avec le protectionnisme de cette époque est très instructif. Après la loi Hawley-Smoot, les Européens ont répliqué avec leurs propres droits de douane. Cette escalade a conduit à l’effondrement du commerce mondial : entre 1929 et 1932, les échanges entre les Etats-Unis et l’Europe ont été divisés par trois. Le renfermement commercial américain a accentué la crise de 1929 et accéléré sa propagation à l’Europe.
Ce protectionnisme américain a-t-il contribué à la montée du nazisme ? Les historiens en débattent encore, et le lien n’est pas direct. Mais la Grande Dépression était l’un des ferments de la catastrophe à venir. D’où l’importance de tirer les leçons de cette époque, estime Gilles Moëc, chef économiste du groupe d’assurance Axa : « Dans les années 1930, on a tous fait d’énormes erreurs collectives [en répliquant coup pour coup sur les droits de douane]. On a fini avec un commerce international en lambeaux. On n’est pas obligés de recommencer. »
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